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Le grogneur
23 avril 2016

E-secrétaire

Une foule de visiteurs pleins d’allant a rempli l’auditorium civil Bill Graham à San Francisco le 9?septembre dernier. Dans cette salle où ont lieu d’habitude des concerts de rock, ils sont venus assister à une présentation d’Apple, société elle aussi culte. Les dirigeants se sont installés sur scène pour dévoiler les dernières fonctionnalités de l’Apple Watch, de l’iPhone et l’iPad, et son nouvel écran de télévision Apple TV qui permettra de regarder plus commodément la télévision et de jouer à des jeux vidéo. La véritable star du show a été cependant été Siri, l’assistant personnel d’Apple, déjà disponible sur les iPhone. Il répond aux questions vocales et sera intégré dans la télécommande de la nouvelle Apple TV. Les utilisateurs n’auront plus à lever le petit doigt pour changer de chaîne ou trouver de nouvelles émissions. S’ils veulent connaître la météo ou le résultat d’un événement sportif, ils peuvent le demander à Siri et recevront rapidement une réponse. La migration de Siri vers la télévision illustre l’arrivée d’assistants personnels qui possèdent des compétences humaines?: rappeler les rendez-vous, chercher des informations, se charger de différentes tâches. Apple, qui a acheté Siri en 2010 pour environ 200?millions de dollars, a été pionnier dans ce domaine, mais beaucoup d’autres groupes tech travaillent sur des produits concurrents. Google et Microsoft proposent leur assistant personnel sur smartphone. Baptisés respectivement Google Now et Cortana, ils possèdent une connaissance intime des habitudes et horaires de leurs utilisateurs. Amazon commercialise pour sa part une application universelle qui, entre autres, joue de la musique, lit des livres à haute voix et peut guider l’acheteur dans le site Amazon. Le 8?septembre dernier, Baidu, le géant chinois d’Internet, a annoncé la sortie de son propre assistant digital, Duer. Et Facebook prépare le lancement d’une “conciergerie numérique”, appelée M, intégrée dans son service de messagerie. Dans un premier temps, ces conciergeries emploieront des humains, mais les choses pourraient changer par la suite. Toutes ces entreprises ont encore différents problèmes à résoudre, mais la sophistication et la gamme des fonctionnalités de leurs assistants personnels se développent (voir graphique). La progression de Siri et consorts signale deux tendances d’importance qui vont modeler le futur de l’Internet du consommateur?: l’évolution de la “recherche”, qui va passer des requêtes tapées sur un clavier vers un service plus personnalité et interactif, et la transition graduelle d’applications individuelles vers un écosystème géré par un logiciel central puissant. Selon le cabinet d’études Gartner, environ 38?% des consommateurs américains ont utilisé les services d’un assistant virtuel sur leur smartphone récemment, et d’ici à la fin 2016, on estime que deux tiers des consommateurs dans les marchés développés les utiliseront au quotidien. Les logiciels robotisés s’améliorent pour prédire ce dont les utilisateurs ont besoin en se basant sur leurs comportements passés et leur géolocalisation. “Deux tendances d’importance vont modeler le futur de l’Internet du consommateur?: l’évolution de la “recherche”, qui va passer des requêtes tapées sur un clavier vers un service plus personnalité et interactif, et la transition graduelle d’applications individuelles vers un écosystème géré par un logiciel central puissant” Ces “secrétaires virtuels” s’inscrivent dans l’évolution plus générale vers la maîtrise de l’intelligence artificielle, et en particulier du “machine learning” (enseigner aux ordinateurs à analyser d’énormes quantités de données, à mémoriser des récurrences et à s’auto-améliorer dans ce qu’ils font). Les sociétés dépensent des milliards en achats de start-up travaillant dans ce domaine et se bousculent pour embaucher des spécialistes de l’IA. Apple aurait à lui seul engagé 90 experts, et Facebook a cueilli la star chinoise Yann LeCun, chercheur en intelligence artificielle, pour diriger son laboratoire de recherche IA. La reconnaissance vocale s’améliore rapidement, même si elle reste encore imparfaite. Il y a deux ans, Google Now interprétait mal environ 25?% des mots prononcés. Aujourd’hui, il n’en loupe que 8?%, aux dires d’Aparna Chennapragada qui supervise ce produit chez Google. La priorité des groupes est maintenant de savoir comment utiliser les informations stockées par les consommateurs sur leurs appareils mobiles pour faire des recommandations pro-actives, au lieu de répondre simplement aux requêtes. Dans ce domaine, Google est particulièrement bon, ou fait particulièrement peur. Par exemple, il lit les e-mails de l’utilisateur pour leur rappeler quand se mettre en route pour un rendez-vous ou pour l’aéroport pour attraper leur vol. Cortana de Microsoft le fait également, mais jusqu’à récemment, il se limitait aux appareils équipés de Windows. Le GPS, déjà installé par défaut sur la plupart des smartphones, aide les assistants virtuels à mieux accomplir leurs tâches. Si un consommateur veut qu’on lui rappelle d’acheter du lait la prochaine fois qu’il ira au supermarché, une alerte s’allumera quand son téléphone détectera qu’il se trouve dans le magasin. La technologie rend aussi possible l’automatisation de la corvée d’organisation de réunions. Quelques start-up, dont Clara Labs et x.ai, proposent des assistants virtuels permettant de gérer les agendas qui utilisent une combinaison d’algorithmes et d’humains pour organiser au mieux les rendez-vous. Les abonnés envoient une copie en CC de leur mail au robot, qui scanne leurs calendriers respectifs et choisit la date et l’heure la plus commode à leur place. Il faut d’habitude sept e-mails à un humain pour convenir d’une réunion et la fixer. Les assistants virtuels permettent donc d’économiser beaucoup de temps. Les clients traitent aimablement les assistants virtuels, même quand ils savent qu’ils correspondent avec un robot, prétend Dennis Mortensen, patron de x.ai. Avec le temps, ce type de logiciel deviendra tellement performant qu’ils pourraient totalement oublier que leur interlocuteur est une machine. Mais la plupart des assistant(e)s personnel(le)s du monde réel n’ont pas à s’inquiéter?: leur job n’est pas menacé par la technologie, ou du moins pas encore. Les assistants digitaux permettent de rechercher des informations “sans les mains”, mais ils ont du mal à compléter des tâches qui nécessitent des étapes plus complexes, comme réserver des billets d’avion. Votre correspondante a passé plusieurs jours à “employer” différents assistants digitaux disponibles sur le marché. Même s’ils peuvent trouver des restaurants proches et faire une réservation via le site OpenTable, ils ne connaissent pas encore suffisamment bien leur patronne, ou n’ont pas la jugeote nécessaire pour lui dire quel est le “meilleur” restaurant italien. Echo, le logiciel d’Amazon, peut réciter la définition de “assistant personnel” sans hésitation, mais n’a aucune idée de la réponse quand je lui demande si Echo est mon assistant personnel.

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