C'est la faute des jeunes

Si le monde va mal, c'est à cause des jeunes. Il y a quelques jours, j'ai eu l'occasion de suivre un colloque absolument captivant à Delhi qui débouchait sur cette étonnante conclusion. Etonnante, mais parfaitement argumentée. Plusieurs intervenants ont en effet démontré que le terrorisme, plus qu'un problème de violence culturelle, se résumait en fait à un simple problème de démographie. La courbe démographique suffisait à elle seule à expliquer le manque de stabilité qui caractérise certains territoires. Le problème serait en fait lié à ce que les anglo-saxons appellent le Youth Bulge : une population ayant une croissance rapide présente de fait une croissance rapide du pourcentage de jeunes dans la population. Et cette surabondance de jeunes (et tout particulièrement de garçons) n'est pas sans susciter des tensions sociales fortes. Autrefois, pas mal d'entre eux n'auraient probablement pas dépassé l'âge de trois ans. Cependant, du fait de la diminution du taux de mortalité infantile, ils survivent et deviennent aujourd'hui de jeunes adultes. Cette recrudescence s'accompagne évidemment d'une explosion du chômage des jeunes. De nos jours, dans les pays en développement, le taux de chômage est ainsi habituellement 5 fois plus répandu chez les jeunes que pour le reste de la population ! Il suffit alors d'une idéologie radicale leur proposant un avenir pour que la région coure un risque de radicalisation généralisée. En fait, dès lors que la majeure partie de la population a moins de trente ans, le seuil critique est atteint : de telles sociétés présentent un risque important de radicalisation et de conflit. Pour les mêmes raisons, elles ont aussi peu de chances de devenir des démocraties... Cette explication m'a semblé d'autant plus appréciable qu'elle cassait l'idée selon laquelle certaines civilisations seraient instinctivement plus violentes que d'autres. Une population n'est pas plus agressive qu'une autre. Les taux de natalité et de mortalité divergent seulement sensiblement selon le pays, avec les conséquences qu'on vient de voir. Pour terminer, j'aimerais dire un mot sur l'agence qui s'est occupée d'organiser ce colloque à Delhi. J'en fais chaque mois mais j'ai été agréablement surpris par l'organisation de celui-là. Et je dois dire qu'en la matière, je suis généralement déçu ! Suivez le lien pour en savoir plus sur ce séminaire en Inde, vous retrouverez toutes les infos sur le site.